Articles de concourstijomauvois

  • Roger EBION s'est éteint le 25 mai 2024

     

    Roger Ebion "un amoureux du créole qui savait faire danser les mots

    C'est avec stupeur et une grande tristesse que la nouvelle du décès de Roger Ebion a été accueillie par celles et ceux qui l'ont connu et qui l'appréciaient. Très engagé au niveau culturel, ancien professeur à la retraite, membre fondateur de KM2 (Krey Matjé Kreyol Matnik) qui cherche à promouvoir la littérature créole et ses auteurs, membre très actif du Comité Ti-Jo Mauvois, le Lucéen s'est investi sans compter dans la promotion de la langue créole, élément fondamental de notre identité. 

    Roger Ebion est l'auteur de plusieurs poèmes. En 2006, il obtient le coup de coeur lors du concours de poésie "Tiraj powézi Kalbas Lo Lakarayib" pour son recueil "La pli bel anba la bay". Cet ouvrage comprenait notamment de très courtes poésies sur le modèle des haïkus japonais, des textes précieux illustrés par le photographe Philippe Bourgade. Ces poèmes et clichés mélés disaient à merveille l'amour d'une terre, de ses habitants, de sa lumière, mais aussi la compléxité du monde en général. "ça pourrait paraître nostalgique, mais ça ne l'est pas du tout. C'est plutôt une façon de parler de notre pays et de faire prendre conscience que c'est une richesse incroyable qu'il ne faut pas oublier pour continuer à avancer dans la dignité" nous avait confié Roger Ebion dans un reportage que nous lui avions consacré en janvier 2009 (notre édition du 28 janvier 2009 "Quand le créole se fait poésie"). Des années plus tard, Roger Ebion avait publié "Gran lanmè", un recueil de nouvelles.

    Professeur de français et de langue et culture créoles, il a fait l'essentiel de son parcours au collège de Rivière-Pilote. Né en 1939 à Ducos, il s'est marié en 1966 au consultat de Tizi-Ouzou en Algérie avec Yvette, institutrice, puis professeure de collège qu'il avait rencontrée alors qu'il était jeune volontaire administratif territorial au collège de Béni-Yenni (commune d'Algérie). 

    "Il était de bon conseil c'était un homme doté d'une  grande sagesse, un bon pédagogue. Il était disponible et généreux. Il avait l'intention, avec le Téat gran moun, de mettre en scène quelques passages de l'ouvrage "L'esclavage, une histoire de héros" confie Christian Jean-Etienne du Comité devoir de mémoire. " 

    "Roger Ebion le militant était aussi un grand écrivain créole qui savait faire danser, jouer et parler les mots comme un virtuose. Un virtuose hélas trop discret qui n'a pas montré toute la réelle dimension de son grand talent" ajoute l'auteure créolophone Térez Léotin.

    (France-Antilles du 28 Mai 2024)

    ***************

    A Sainte-Luce, un dernier hommage à Roger Ebion

    La veillée de Roger Ebion a eu lieu à son domicile, à Gros Raisin, en présence d'un très important public venu lui rendre le plus solennel des témoignages qu'il méritait. Ses collègues du Collège de Rivière-Pilote, les membres d'associations dans lesquelles il a inscrit une marque majeure, des maires et anciens maires, des lucéens en grand nombre ont entouré la famille. Yvette sa femme, ses enfants, ses frères et soeurs. Tout le monde était présent pour rendre un dernier hommage à Roger Ebion qui s'est éteint à l'âge de 85 ans.

    Son apport à la langue créole, à l'écriture créole a été évoqué toute la soirée. Hanetha Vété-Congolo, universitaire qui a étudié toute l'oeuvre de Roger Ebion parle "d'un rythme, d'un contenu qui rappellent ceux de Joseph Zobel ou de Jacques Roumain". Laten... une interjection qui invite à la liberté, lakontantman. "Roger Ebion parle de femmes, de bois, de trace, de mer, de soleil, de lumière. Il invitait à oser la vie, sa poésie n'est pas de la fin, mais du début" conclut Hanetha Vété-Congolo.

    Ils ont dit :

    Maryline Sully, directrice de la médiathèque de Sainte-Luce, une collaboratrice proche qui n'a pas eu le temps de travailler avec Roger Ebion sur une pièce de Georges Mauvois : "j'ai eu cette chance de rencontrer Roger Ebion, jeune retraité qui me rendait visite à la bibliothèque du bourg à l'époque en 2004.. Une relation d'amitié, de complicité s'est installée. Roger aimait la littérature, langue française ou créole. Krey manmay Sent-Lis est né de ce rapport-là, de cette rencontre là".

    - Christian Jean-Etienne, membre du Comité Ti-Jo Mauvois - "Avant le Comité, je connaissais Roger comme formateur, professeur de lettres, comme créolophone. On a travaillé beaucoup le DULC (Diplôme Universitaire de Langue Créole) puis je l'ai cotoyé comme collègue à la mission académique des formateurs, des professeurs de l'Education nationale. Pédagogue, toujours des idées, des innovations, on s'est retrouvés dans le Comité Ti-Jo Mauvois au sein duquel il était très actif. On a créé le concours des jeunes historiens, chaque année et puis tous les 2 ans. On avait un thème : l'habitation, la dissidence, l'esclavage. On construisait un dossier avec des images, des graphiques et autres que les candidats devaient potasser, élèves et adultes. S'ils avaient bien travailler le thème, ils répondaient justement au questionnaire qui était proposé, ils obtenaient le concours. C'etait un homme généreux, il nous a cotoyés aussi au Comité devoir de Mémoire dont je suis membre. Roger vieillissait bien, très prudent, pas d'excès, d'une sagesse extraordinaire, même lorsqu'il y avait conflit intellectuel, il trouvait à apaiser tout le monde, d'une grande générosité. Toutes les générations sont présentes ce soir. La mort rassemble plus qu'elle ne sépare. Je me remémore ces petits déjeunes savoureux chez lui, lors des séances de travail que nous avons souvent eues avec Robert Sae".

    - Léa Ravion, 1ère adjointe du conseil municipal de Sainte Luce : "Roger était un élément essentiel dans notre politique culturelle. Roger était une personne à qui on pouvait se référer, une personne de bon conseil. C'etait un sage, un pédagogue, un militant culturel. C'est une très grande perte pour nous, nous sommes tous sous le choc. Ce sera difficile de faire sans Roger. Au niveau de la promotion de la langue créole, on avait beaucoup de choses à faire avec lui."

    - Annie Fardin, enseignante, lucéenne : "Si je dois retenir quelque chose de Roger, je dirais que c'est un homme de conviction, mais très discret et son départ rappelle cela très bien parce qu'il est parti sur la pointe des pieds, sans crier gare. Il a mené ses combats avec beaucoup de conviction pour le bien-être humain quand il a enseigné aux classes difficiles, il a donné des cours d'alphabétisation, toujours pour élever les gens, leur permettre d'accéder à la connaissance pour qu'ils puissent être bien dans leur pensée, dans leur respiration. Tous les combats qu'il a menés étaient adan mem la rel la, c'est ce que je retiens".

     - Yannick Bouvil-Brianto, association ACL : "Roger m'a formée quand je suis arrivée à l'Association culturelle de Sainte-Luce. C'est lui qui m'a demandé d'intégrer l'ACL. Il m'a pris sous son aile et tout de suite, en tant que président, il m'a montré comment il fallait faire. J'ai bien compris, on avait déjà travaillé au théâtre dans la mise en scène, tout de suite j'ai été présidente adjointe, une fois qu'il a estimé qu'il a semé la graine il m'a dit "tu seras présidente". Je suis donc présidente depuis 2018. On est terrassés par la nouvelle : encore le matin, il faisait des blagues. On ne peut que recevoir la nouvelle avec émotion et se dire qu'il faut travailler pour lui. Il a semé en moi la graine de la culture, la graine du créole, la graine de l'amour de la littérature, la graine de la citoyenneté, pourquoi on aime les autres et il me disait "une fois que tu tends la main, qu'on te la serre, qu'on te la morde, qu'on te la caresse, prends la". C'est ce que je fais : je vais continuer à le faire rien que pour lui".

    (France-Antilles du 29 mai 2024)

  • Thomas SANKARA : une autre figure emblématique africaine de la lutte pour l’émancipation     

    Thomas SANKARA : une autre figure emblématique africaine de la lutte pour l’émancipation                                

         Il est intéressant de se pencher sur le parcours de cet homme politique africain qui était, certes, militaire, mais se révéla, par son humanisme et ses hautes qualités morales, un libérateur de son pays, le Burkina Faso, anciennement appelé Haute-Volta. Thomas SANKARA, en effet, fait partie, avec Patrice LUMUMBA, de ces leaders africains qui se sont imposés comme des figures emblématiques de la lutte pour l’émancipation de leur peuple.

         Refus du colonialisme et de ses corollaires mortifères, promotion de l’identité et de la culture de son pays – le Burkina Faso – de l’identité et de la culture africaine par extension, engagement en faveur de la lutte pour les droits des femmes, lutte contre les maux qui hypothèquent l’avenir de son pays ; au premier rang desquels la famine… qu’il est parvenu à éradiquer…

       « Thomas SANKARA a vaincu la faim. Il a fait que le Burkina, en quatre ans, est devenu alimentairement autosuffisant », dira Jean ZIEGLER

        Autant d’éléments qui participent légitimement de l’aura qui entoure Thomas SANKARA et assurent la pérennité de son souvenir dans la mémoire collective de son peuple et des Africains en général. Autant d’éléments qui, sans verser dans un idéalisme inconditionnel, lui confèrent une force émouvante et convaincante.                                                                                              

        Là est le plus important : l’homme à la fois proche de son peuple et de l’humanité dont il épouse les problèmes et les souffrances afin de mieux les combattre. L’homme qui envisage l’avenir tout en affrontant les problèmes immédiats afin de rendre le monde plus viable dès maintenant pour le plus grand nombre. L’avenir n’étant pas, pour Thomas SANKARA, un futur purement abstrait et bâti par une idéologie, mais les fruits d’un présent que l’on modifie, que l’on révolutionne pour construire un nouveau monde où l’humanité tout entière sera la grande gagnante.                                   

        Il importe de préciser l’importance des accents "césairiens" des discours de Thomas SANKARA. Discours par le biais duquel il a fait entendre son refus de l’asservissement planifié, des pillages programmés par les oligarchies financières et commerciales de la planète qui procèdent à un néo-colonialisme, cela, avec la complicité de quelques bourgeoisies locales ; son refus de la négation d’une identité propre. Quelques lignes extraites de son discours devant l’assemblée générale de l’ONU, prononcé le 4 octobre 1984, méritent d’être relevées :

        « Je parle au nom de ces millions d’êtres qui sont dans les ghettos parce qu’ils ont la peau noire ou qu’ils sont de culture différente et bénéficient d’un statut à peine supérieur à celui d’un animal. »,

        « Je souffre au nom des Indiens massacrés, écrasés, humiliés et confinés depuis des siècles dans des réserves afin qu’ils n’aspirent à aucun droit et que leur culture ne puisse s’enrichir en convolant en noces heureuses au contact d’autres cultures, y compris celle de l’envahisseur. »

        Lignes particulièrement représentatives d’un regard qui embrasse la cause humaine, quelle que soit l’aire géographique ; qui prend le parti de l’humain et dénonce ouvertement les actions délétères qui bafouent et nient une intégrité aussi bien physique qu’humaine !          

        S’intéresser à Thomas SANKARA, c’est accepter de prendre en considération ses parts d’ombre… ses excès. Excès qui, à coup sûr, relèvent d’une autocratie exacerbée qui a parfois porté de l’ombre à son action progressiste.

        S’intéresser à Thomas SANKARA, c’est aussi essayer de comprendre les motifs de son assassinat (Qui ? Pourquoi ?) tout en sachant que les réponses obtenues ne seront jamais pleinement satisfaisantes.           

        Il ne s’agit pas d’écarter l’aspect négatif relevé chez ce leader politique. Thomas SANKARA mérite simplement sa place dans un travail de recherche dans la mesure où son exemple amène à réfléchir sur les dérives attachées à un exercice solitaire, autocratique et idéologique du pouvoir ; à une réflexion salutaire sur les rapports entre un idéal révolutionnaire ; sincère, intègre et les exigences des droits de l’homme, de la personne individuelle, trop souvent sacrifiées sur l’autel du collectivisme et du totalitarisme.

    Nous vous invitons à découvrir ou redécouvrir cette figure emblématique dans le document très complet ci-dessous :

    Thomas isidore noel sankarathomas-isidore-noel-sankara.pdf (12.73 Mo)

  • La guerre d'Algérie - 1954-1962

    La guerre d’Algérie 1954-1962 : Une guerre qui pendant longtemps n’a pas dit son "nom"

    Le dossier consacré à la guerre d’Algérie, que nous vous proposons ci-dessous, reviendra sur les causes de celle-ci, de même que sur le contexte politique de l’époque. Sans doute faut-il établir un parallèle entre la perte de l’Indochine, en 1954 (défaite de Diên Biên Phu) et le début du conflit algérien.

    Il convient également de rappeler que l’Algérie est la plus ancienne conquête coloniale rattachée au territoire français depuis 1830 et qu’en 1954, justement, elle est encore une colonie de peuplement. Pour comprendre les causes de cette guerre, il importe de restituer la situation démographique de l’Algérie de cette époque : 9 millions d’Arabes et de Kabyles voisinant avec 1 million de personnes d’origine européenne. Situation ayant contribué véritablement à la montée du nationalisme dans la mesure où le statut de citoyenneté ne s’appliquait pas pleinement à la population locale.

    Vous découvrirez pourquoi le FLN a été créé, de même que les actions dont il a été à l’origine. Vous découvrirez, dans le même temps, cette autre faction dénommée OAS et sa ligne de conduite… Deux factions qui se sont opposées par attentats interposés ; aussi bien sur le sol algérien que sur le sol français. Quelle a été la stratégie du général de GAULLE ? Pourquoi a-t-il été l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat ? Quels ont été les ‘’insoumis’’ antillais ? Quel a été leur rôle dans cette guerre ? De manière plus large, quelles sont les conséquences de cette guerre sur notre société antillaise et la France ? Pourquoi reste-t-elle un sujet d’actualité, en témoignent, l’immense bibliographie constituée, de même que la visite officielle du président français Emmanuel MACRON en Algérie du 25 au 27 août 2022 ? Visite dont la finalité est double puisqu’il s’agit, à la fois, de renforcer un partenariat économique et de poursuivre le travail d’apaisement des mémoires. Concernant ce dernier aspect, il faut relever cette annonce de la création d’une commission d’historiens, français et algériens, qui se penchera sur la guerre et la colonisation. Travail de mémoire important, donc, et dont on espère qu’il sera effectué avec la plus grande honnêteté. Il importe, en effet, de dépasser le ressentiment et la haine issus de cette guerre. Hugo MELCHIOR, petit-fils de Pied-noir, partage la même préoccupation lorsqu’il énonce le propos suivant : « Une mémoire non militante, qui n’occulterait ni les massacres de Sétif du 8 mai 1945 par l’armée française, ni la Nuit noire du 17 octobre 1961 à Paris, ni le massacre des Français d’Algérie de la rue d’Isly, celui oublié des Européens du 5 juillet 1962 à Oran, ou encore les massacres de harkis… Et cela avec l’espoir qu’à terme, les murs des mémoires revanchardes et haineuses, qui séparent encore les différents groupes sociaux ayant fait cette histoire algérienne, se fissurent enfin… jusqu’à tomber ! »

    La guerre d algerie recueilla-guerre-d-algerie-recueil-.pdf (9.31 Mo)

  • Patrice Emery Lumumba, un destin brisé

    Patrice Emery LUMUMBA : un destin brisé

    Deux illustres compatriotes ont inspiré la réalisation de ce travail de recherche : Frantz FANON (Né la même année que LUMUMBA ''1925'' et mort également à la même année que ce dernier ''1961'') et Aimé CÉSAIRE qui, en 1966 – très certainement admiratif du Premier Ministre congolais – écrira sa pièce de théâtre intitulée : ‘’Une saison au Congo’’. Deux illustres Martiniquais donc, partageant le même idéal d’émancipation et le même objectif : la promotion du monde Noir.   

    Pour évoquer Patrice LUMUMBA, dans la perspective de ce travail de recherche, il nous fallait impérativement nous réapproprier les documents accumulés depuis de très long mois. Cela a pris beaucoup de temps ! Il nous fallait également restituer toute la complexité de l’histoire de LUMUMBA qui est aussi celle de la colonisation et de l’Afrique… L’histoire des hommes ayant côtoyé de près LUMUMBA ; ses amis aussi bien que ses adversaires… ses proches… qui l’ont probablement trahi : vous pourrez vous forger votre opinion à la lecture des textes proposés.

    Histoire complexe de cet homme donc, et  de son pays, le Congo, confrontés aux appétits de la puissance coloniale.

    Évoquer Patrice LUMUMBA, c’est, en outre, évoquer l’histoire des deux Congo :  Congo Kinshasa et Congo Brazzaville. Evoquer Patrice LUMUMBA, ce n’est donc pas se cantonner à un seul homme. C’est également s’intéresser à toute une vie, riche et multiple, en témoigne l’immense bibliographie ayant précisément trait aux différents champs de cette histoire (politique, social, artistique et culturel…)

    Vous l’aurez compris :  Patrice LUMUMBA garde toute son actualité au cœur d’un monde de plus en plus bouleversé par les crises et la montée des extrémismes.

    Patrice LUMUMBA, une autre figure de la liberté et de la lutte contre toutes formes de dominations…
    Vecteur des aspirations du peuple en faveur d’une plus large auto détermination.

    Ce dossier  met en valeur toute  l’action politique de LUMUMBA visant à sortir son pays de l’emprise de la colonisation exercée par la Belgique de l’époque. Entre réussites et échecs ; entre avancées et revers… c’est une figure et une destinée – tragique parce que brève – que nous vous invitons à découvrir (ou à redécouvrir). Une figure pour qui l’émancipation de son peuple n’était pas un vain mot et ne devait, en aucun cas, faire l’objet de calculs politiques sordides.

    Patrice LUMUMBA prend pleinement sa place au cœur de ces années ‘’1960’’ secouées par les violences et les convulsions inhérentes aux Indépendances.

    Nous vous laissons  donc découvrir ces héros où anti-héros ayant marqué cette époque, faite de rendez-vous manqués, d’espoirs déçus, de luttes fratricides. Nous vous laissons donc découvrir un homme, certes au rêve brisé, mais un homme pour qui l’humanité devait être respectée… à l’instar de son double de fiction dans ‘’Les Funérailles de Monsieur LUMUMBA’’  - Patrice – qui, voyant la dent tenue par Sarah – sa dent* ? - demandera à celle-ci de respecter ‘’ce qui fut un homme’’.

    Au moment de conclure , permettez-nous ce point de vue au sujet du parcours de cet homme au destin brisé. Nous pensons qu’il a été victime de la fougue de sa jeunesse et que celle-ci a peut-être, nous disons bien peut-être, contribué à sa tragique fin.  A-t-il manqué de diplomatie ? nous ne sommes pas loin de le penser, mais nous vous laissons la possibilité, là encore, de vous faire votre propre opinion.

        *La dent de Patrice LUMUMBA est le seul objet encore existant du corps de LUMUMBA. Elle fait l’objet de tractations entre Etats Belge et Congolais en vue d’une restitution à l’Etat de la République Démoratique du Congo. Cette restitution est prévue, en juin 2022, à l’occasion des festivités de l’indépendance de la RDC.

    Patrice emery lumumbapatrice-emery-lumumba.pdf (7.59 Mo)

  • Armand Nicolas - 1925-2022

    Armand NICOLAS
    28 janvier 1925 - 26 janvier 2022

    Professeur, historien, militant communiste (Secrétaire général du Parti communiste martiniquais de 1963 à 1990)

     Né le 28 janvier 1925 à Nice (Alpes Maritimes), Armand Nicolasl  a 7 ans quand, à la mort de son père, il rejoint la Martinique avec sa mère. Il a effectué ses études au lycée Victor Schoelcher à Fort-de-France où il a obtenu son baccalauréat en 1942. Aimé Césaire, qui fut son professeur de lettres, lui demande d'écrire un article historique sur la Martinique dans la revue Tropique et ce fut la première pierre de son engagement ultérieur.

    Après la guerre il fut envoyé au Maroc pour y terminer ses études (1943-1944) et fut intégré dans l'armée jusqu'à la fin  de la guerre. C'est là que, jusqu'alors gaulliste comme sa famille, il découvrit vraiment le colonialisme et que ses idées d'une "France généreuse libérant les peuples coloniaux" s'effondrèrent.


    Dès le début des années 1950, il milite au Parti communiste aux côtés d'Aimé Césaire. Intégré au Comité de rédaction du journal de la fédération, Justice, il succéda à René Mesnil à la rédaction en chef du journal. Il deviendra par la suite secrétaire général du Parti communiste martiniquais, de 1962 à 1990. Considéré comme faisant partie du "noyau dur" du Parti communiste martiniquais au début des années 1960, il a fut condamné à 1,5 millions de francs d'amende, un an de prison avec sursis et la déchéance à vie de ses droits civiques avant d'être muté d'office en métropole en Août 1961, en application de l'ordonnance Debré du 15 octobre 1960 visant les fonctionnaires des départements d'outre-mer en raison d'un "comportement de nature à troubler l'ordre public". Une mutation à Arles qu'il a refusée et qui lui a valu d'être révoqué de l'Education Nationale. Il ne put reprendre son enseignement au lycée Schoelcher qu'en 1975, après l'amnistie de 1974.

    Il a beaucoup oeuvré à la connaissance, la diffusion de l'Histoire et la promotion de la culture martiniquaise. Il a été dans la génération d'après-guerre, un des premiers historiens martiniquais à se pencher sur l'histoire de son pays. Par son implication, sa volonté de dire la vérité et de transmettre, il a largement contribuer à éveiller les consciences, à oeuvrer pour la connaissance de notre histoire. La première de ses convictions était que la bataille pour l'émergence de la conscience d'un peuple ne peut être gagnée sans la connaissance de sa véritable histoire.

    Il a produit de nombreux travaux d'historien dont La révolution anti-esclavagiste de mai 1848 à la Martinique  qui permet de mettre en exergue la lutte héroïque des esclavisés pour accéder à leur liberté, ouvrage qui a permis d'entamer la revendication de la date commémorative du 22 mai 1848. 

    Entre 1996 et 1998, il s'est consacré à la publication de son ouvrage Histoire de la Martinique en trois tomes. Une oeuvre très importante dans la compréhension de l'Histoire de la Martinique, sur plusieurs périodes, des Arawaks à la Seconde guerre mondiale. Cet ouvrage lui a valu d'être lauréat du  Prix Frantz Fanon  en 1996, prix récompensant un auteur martiniquais et ayant pour objectif de prendre en compte et valoriser la richesse des productions littéraires.

    Il a accepté, sans difficulté, d'être le Président d'honneur de la 1ère édition de notre jeu-concours d'Histoire en 2015.

    Pour en savoir plus :
    - site Le Maitron - Dictionnaire biographique du mouvement social et ouvrier - https://maitron.fr/spip.php?article147165
    - site  Youtube -  OLIWON LAKARAYIB -  Pourquoi commémore-t-on l'abolition de l'esclavage en Martinique le 22 mai ?

    Img 20220131 wa0024

    Img 20220204 wa0010

     

  • Georges Eleuthère Mauvois : 1922->2018

    28 janvier 2022, Georges Eleuthère Mauvois aurait eu 100 ans

    Né en 1922, Georges Eleuthère Mauvois aurait eu 100 ans le 28 janvier de cette année.

    Fils d'un père policier municipal et d'une mère commerçante, il a étudié au Lycée Schoelcher à Fort-de-France, jusqu'au baccalauréat. Il y a étudié le grec, le latin, les lettres et la philosophie.

    Il devient ensuite cadre de l'administration des PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones).

    Il s'engage très tôt en politique au sein du Parti communiste et, dans les années 1960, il est nommé membre du Comité Central du Parti. Syndicaliste et militant communiste, en 1962, il est muté d'office en France suite à l'ordonnance Debré (1960). Cette ordonnance, qui a également frappé 3 de ses camarades communistes (A. Nicolas,  W. Guitteaud et G. Dufond) permettait de muter d'office "tout fonctionnaire dont le comportement était de nature à troubler l'ordre public" : le fait d'appartenir au Parti communiste était considéré comme "de nature à troubler l'ordre public". Ils ont tous les quatre refusé de partir et ont été révoqués par leurs Administrations respectives. Refusant cette décision, il démissionne et prépare le concours d'avocat et s'inscrit au barreau de Fort-de France. C'est à cette période qu'il commence à écrire.

    Auteur de nombreuses pièces de théâtre (en créole et en français) qui furent jouées dans les théâtres de Martinique et dont la plus populaire est certainement "Man Chomil", une de ses pièces, pleine d'humour, publiée en 1992. Défenseur de la langue créole, il a également traduit en créole Antigone de Sophocle et Dom Juan de Molière. Georges E. Mauvois est également l'auteur de romans, de contes antillais, et de biographies importantes de la vie politique martiniquaise, notamment Georges Gratiant, qui fut son camarade du Parti communiste et son collègue au barreau de Fort-de-France.

    Georges Eleuthère Mauvois, un grand homme qui nous a quittés le 4 décembre 2018. Quelques rues portent son nom en Martinique, notamment à Schoelcher et Case Pilote. Puissent ses oeuvres et sa mémoire traverser le siècle et résister à l'oubli.

    SES OEUVRES 
     Case Navire : choses et gens de naguère, Fort-de-France, Désormeaux, 1982 ; Case Navire, figures schoelchéroises (édition revue et corrigée), Fort-de-France, K.Editions, 2009 (Monographie)
    - Agénor Cacoul suivi de Misyé Molina - Schoelcher, Presses Universitaires créoles, 1988 (Oeuvre théâtrale)
    - Man Chomil, Nasse et Filbec et le Guiche - Schoelcher, Presses Universitaires créoles, 1992 (Oeuvre théâtrale)
    Don Jan - Kourou, Ibis Rouge, 1996 (Oeuvre théâtrale)
     Antigon, suivi de Arivé d'Pari, Kourou, Ibis Rouge 1997 (Oeuvre théâtrale)
    Monologue d'un foyalais, Petit-Bourg, Ibis Rouge, 1999 (Biographie romancée)
    Gélius et son disciple ou Paroles de mangouste, Petit Bourg, Ibis Rouge, 2000 (Roman)
    Ti zétwel (avec Marie-Denise Grangenois), Schoelcher, Presses Universitaires Créoles, 2002 (Anthologie)
    - Ovando ou le Magicien de Saint-Domingue, suivi de Jaz et Dézagréman, Schoelcher, Presses Universitaires Créoles, 2003 (Oeuvre théâtrale)
    Contes des quatre croisées ou Kont lé kat kwazé, Kourou/Schoelcher, Ibis Rouge/Presses Universitaires Créoles, GEREC, 2004 (Conte)
    Insulaires, Presses Universitaires Créoles, 2005
     Zine, l'abeille, Illustrations de Sophie Mondésir, avec audio, compositions et voix de Sarah-Corine Emmanuel, Paris, Dapper, 2005 (Texte pour la jeunesse)
    Janine et Akouré, Schoelcher, Presses Universitaires Créoles, 2006 (Récit)
    Chateau Aubery, Fort-de-France, K.Editions, 2008 (Récit)
     Un certain Victor Schoelcher, Fort-de-France, 2008 (Anthologie)
    Georges Gratiant, un avocat dans le siècle, Fort-de-France, K.Editions, 2009 (Récit)
    Henry Lémery, de Saint Pierre à Vichy, Fort-de-France, K.Editions, 2010 (Récit)
     Oeuvres théâtrales complètes, Fort-de-France, K.Editions, 2012 (Oeuvre théâtrale)
    Mi yo, Lecture, écriture, maîtrise du Créole. Livret du maître et livret de l'élève, Cycle 3, CE2, CM1, CM2 (par Georges Mauvois et Marie-Denise Grangenois), Fort-de-France, K.Editions, 2012 
     Le merisier, Le Carbet, Editions Zoboka, 2017 ; Fort-de-France, K.Editions, 2018 (Oeuvre théâtrale)

     

    Entretien vidéo à écouter sur youtube : 5 questions pour île en île https://youtube/7VSIzkgyGZY

    Georges Mauvois et son camarade et ami Armand Nicolas (crédit photo, Gilles Alexandre)

    Georges Mauvois et Armand Nicolas

  • Léopold D. BISSOL : 1982-2022, 40 ans déjà...

    Léopold D. BISSOL : 1982-2022, 40 ans déjà...

    Un nouveau portrait qui, selon nous, mérite toute sa place dans la galerie des personnages qui ont constitué notre Histoire : celui de Léopold Démétrius BISSOL.

    BISSOL, toutefois, ne serait-il pas tombé dans l'oubli, contrairemet à certains de ses contemporains dont la mémoire est - légitimement, nous n'en disconvenons pas - constamment horonée par le biais de séminaires ou de telle ou telle publication ?

    Le dossier de recherche que nous avons élaboré vise, précisément, à faire sortir de l'ombre un homme dont le parcours, personnel et politique, a pourtant mis en lumière notre Histoire dans toute sa diversité ; dans tous ses évènements, parmi les plus fondateurs.

    BISSOL, un homme intègre, un homme de convictions, fidèle à celles-ci ; un homme de combats, pleinement engagé dans la cause ouvrière. Tel est l'homme qu'il nous faut redécouvrir et qui s'est révélé l'un des principaux artisans de la départementalisation ; ayant précisément à coeur - comme d'autres - l'amélioration des condistions de vie de son peuple.

    BISSOL, le travailleur manuel, ébéniste de son état, qui réalisait les travaux de réparations qui lui confiaient ses contemporains.. Préfiguration symbolique de l'homme politique investi dans la réalité sociale de son temps.

    Faut-il rappeler à cet égard qu-il fut le premier ouvrier élu au Conseil général (en octobre 1937) infligeant, au passage, une cuissante défaite au candidat de la bourgeoisie ? 

    S'intéresser à Léopold Démétrius BISSOL, c'est s'intéresser à l'Histoire de la Martinique dans ses périodes de troubles et convulsions. Périodes au cours desquelles s'est construit notre pays en même temps que cette exigence à faire entendre une voix, une ambition, un projet, le désir de participer à un destin collectif.

    Leopold demetrius bissolleopold-demetrius-bissol.pdf (5.81 Mo)

     

  • Le massacre de Sabra et Chatila

    LE MASSACRE DE SABRA ET CHATILA

    Le mois de septembre : un mois riche en évènements sur le plan intrnational. En septembre 1982, précisément, a eu lieu le massacre de Sabra et Chatila, l'un des pires ayant ensanglanté le Liban : l'extermination d'hommes, de femmes, d'enfants dans une relative indifférence !

    Notre travail de recherches nous donne l'occasion d'apporter, avec le mini-recueil ci-joint,  une contribution à la compréhension de ce conflit israélo-palestinien dont ce massacre, justement, est l'une des illustrations.

    Cette histoire ne devrait pas nous laisser indifférents pour deux raisons : d'abord parce qu'elle pose la question récurrente des rapports entre les faibles et les puissants (dominants-dominés) ; ensuite parce que notre Martinique "Terre multiple" récapitule une identité "mosaïque" selon certains, "rhizome" selon le concept "glissantien" jetant les bases, par ailleurs, du "Tout-Monde" cher à l'auteur du Discours antillais.

    Une identité précisément riche de ses histoires et qui pourrait s'ériger en modèle aux yeux du monde.

    N'oublions pas, à cet égard, la composante syro-libanaise de notre pays... Une composante - la plus récente - qui depuis longtemps a largement pris sa part de notre devenir commun.

    Le massacre de sabra et chatila du 16 au 18 septembre 1982le-massacre-de-sabra-et-chatila-du-16-au-18-septembre-1982.pdf (7.43 Mo)

  • Le concept de Terra Nullius : l'exemple Britannique

    LE CONCEPT DE TERRA NULLIUS

    Nous vous proposons ci-dessous un document illustrant le concept de « TERRA NULLIUS », concept juridique apparu au XIXème siècle pour justifier l’occupation, par les Européens, de grandes parties de la surface du globe. Ce concept a servi de base à l’occupation, par les Allemands, de la Namibie ; tout comme il permettra aux Britanniques de légitimer leur mainmise sur la Tasmanie et l’Australie  dès la première moitié du XIXème siècle : mêmes stratégies mortifères, mêmes massacres de populations, même leitmotiv : la disparition des premiers peuples au profit des nouveaux arrivants, mêmes pillages de tombes pour tentative de justification ‘’scientifique’’ dans le but de promouvoir la  supériorité de la race.

     Mais également, mêmes résistances des peuples. Même volonté de préserver une histoire, un souvenir, une identité.

     La lecture de ce dossier vous donnera l’occasion de prendre connaissance de toutes ces manifestations de résistance ; aussi bien sur le plan économique et politique que sur le plan sportif et dont la finalité, précisément, était d’assurer la permanence d’une mémoire autochtone.

    Une note optimiste se fait jour malgré tout : ces nombreuses peintures rupestres, qui, aux yeux de certains scientifiques, sont peut-être parmi les plus anciennes du monde. Multiples peintures rupestres traduisant une culture riche, un talent manifeste, porteurs d’une certaine vision du monde et de l’individu saisi dans ses potentialités les plus diverses… Peintures rupestres, pariétales qui, aujourd’hui encore, interpellent et obligent à la réflexion.

      Terra nulliusterra-nullius.pdf (4.42 Mo)

    Le peuple aborigene

  • 1904-1908 : le massacre des Hereros et Namas

    1904-1908 : LE MASSACRE DES HEREROS ET NAMAS

     Bien avant Vichy, en effet, des milliers d’hommes et de femmes ont été exterminés… dans  le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie).

    Au début du vingtième siècle, dès 1880,  les Allemands ont colonisé cette partie de l’Afrique, n’hésitant pas à écraser dans le sang, (entre 1904 et 1908), la révolte des peuples HEREROS et NAMAS. La lecture de ce dossier permettra d’établir, à ce propos, un parallèle  entre les procédés mis en œuvre, à l’époque par le deuxième  REICH et ceux qui seront déployés par les nazis dans leur traque des juifs au cours de la Seconde Guerre mondiale.

     L’île de Shark-Island ne rappelle t-elle pas les camps de concentration nazis, les chambres à gaz en moins ? La barbarie sans nom perpétrée par le général Lothar Von TROTHA et ses sbires, n’est elle pas une préfiguration des massacres d’Oradour sur Glane. Le mode de transfert et le travail forcé des prisonniers Hereros et Namas dans les différents camps de concentration et d’extermination du Sud-Ouest africain rappellent  étrangement ceux de l’Allemagne nazie d’Hitler.

     Et que penser de ces recherches ‘’anthropologiques’’ entreprises sur les crânes africains (succédant aux profanations des tombeaux des autochtones) destinées à montrer, à prouver l’infériorité de l’homme noir, si ce n’est qu’elles annoncent les terribles expériences effectuées par les savants allemands de la seconde partie du vingtième siècle dans le but de promouvoir la pureté de la race si chère à Hitler ? Les stérilisations forcées sur les femmes hereros et namas à la suite des viols qui constituent leur quotidien, répondent déjà à cet objectif de pureté de la race.

     Les germes  du mal étaient déjà présents au cours de la période s’étalant de 1904 à 1908… En terre africaine… L’histoire se répètera… en 1939-1944.

     28/05/2021 : l’Allemagne reconnait avoir commis un ‘’génocide’’ en Namibie. Et demande officiellement pardon à la Namibie et aux descendants des victimes. (AFP)

    1904 1908 le massacre des hereros et des namas1904-1908-le-massacre-des-hereros-et-des-namas.pdf (5.04 Mo)

     

    28 05 2021 l allemagne reconnait le genocide namibien

     

     

  • An tan Wobè (1939-1943)

    An tan Wobè (1939-1943)

    Nous vous proposons de découvrir ce poème de Valérie Troddal, poètesse et romancière martiniquaise, poème extrait de son recueil de textes DESTINS TRAGIQUES qui renferme une poésie libre, forte et dramatique. Il survole des destins tragiques d'époques passées et contemporaines. L'auteure traite ces sujets graves avec malice, humour et ironie.

    Valérie Troddal a écrit ce poème en s'inspirant du recueil de textes réalisé par le Comité Ti-Jo Mauvois pour la 4ème édition du jeu-concours d'Histoire portant sur le thème La Martinique an tan Wobè : organisation, créativité et résistances.

    Antan wobeantan-wobe.pdf (71.35 Ko)

    *

     

     

  • Un témoignage de la débrouillardise et de la vie quotidienne An tan Wobè

    PRIX SPECIAL DU COMITE TI-JO MAUVOIS

    Attribué à Victoire AGBASSE

    (pour son témoignage en réponse à la question 10)

    « En quoi la période antan Wobè a-t-elle marqué profondément la Martinique ? Justifiez votre réponse en une dizaine de lignes »

    Cette période, même de nos jours, a profondément marqué la Martinique car ce fut une période dure, misérable, triste. Les Martiniquais, un peuple qui a la foi, n’ont pas compris que quelque chose de grave pourrait leur arriver. J’ai connu quelques relents de « Antan Wobè » (feuilles de savonnette que ma mère m’envoyait chercher au bord de la rivière pour laver le linge car ces feuilles moussaient). Je ne comprenais pas pourquoi nous allions pieds-nus à l’école. Ma mère était couturière, se débrouillait pour nous coudre des sacs d’école avec des tissus, avec les sacs de farine venus de France. Pour compter il fallait aller autour de l’Habitation récupérer les capsules de sodas, à côté des débits de la régie. Les vieilles personnes nous répètent « la vi-a té rèd », d’autres ne veulent même pas en parler.

    Mais je pense qu’il y avait de la solidarité, du troc, du bokantaj, de la fierté même. Les gens ont repris la langue Kréol, une certaine complicité s’est installée dans chacun des membres de la famille, du voisinage, de la société aussi. Les Martiniquais ne veulent plus revivre ce temps même si actuellement avec les conflits armés, la crise sanitaire (Covid), les atteintes sur le climat, l’écologie (chlordécone, pesticides), les attentats, la peur, ce sont des « évènements » qui nous disent que nous ne sommes à l’abri de rien. Nous devrions dialoguer, aider, secourir, aimer, s’ouvrir, transmettre le bien à nos petits-enfants, nos enfants, l’étranger, car l’Histoire à l’air de se répéter. Il fallait survivre Antan Wobè, les libertés bafouées, le respect non honoré, la misère, le racisme, la méchanceté face à un tyran qu’était l’amiral Robert : humanisme bafoué. C’était vraiment la guerre avec comme armes : la privation de libertés, de reconnaissance, de discriminations. Le Martiniquais n’a pas oublié.

    « Kolé têt, kolé zépol » « débrouya papéché » les Martiniquais ont mis ces dictons en pratique.

     

  • L'Exposition Universelle de 1937 : une rétrospective qui fait sens

    L'EXPOSITION UNIVERSELLE A PARIS EN 1937

    Nous vous proposons de poursuivre notre réflexion sur la période de la Seconde guerre mondiale (thème de la 4ème édition de notre jeu-concours d'Histoire) avec, comme point d'appui, l'exposition universelle de 1937 à Paris. Les "grandes puissances" de l'époque s'y défient et présentent chacune des pavillons importants et différentes versions d'art monumental. Les pavillons allemands et soviétiques se font face... Nous vous laissons découvrir la suite à travers un texte de Gilles Ragache ainsi que l'analyse que nous proposons sur ce sujet.

    Une honnête rétrospective qui amène à cette pensée : quand on met l'art au service de la puissance, est-ce encore de l'art ou n'est-ce pas déjà tout bonnement la démonstration d'une hégémonie ? Ces réfexions montrent bien comment l'Avenir dira la suite.

    L exposition universelle a paris en 1937 texte de gilles ragache 1l-exposition-universelle-a-paris-en-1937-texte-de-gilles-ragache-1.pdf (1.5 Mo)

    Reflexions sur l exposition universelle de 1937 suite version 5reflexions-sur-l-exposition-universelle-de-1937-suite-version-5.pdf (1.24 Mo)

  • Varian FRY, une balise lumineuse dans les ténèbres de la barbarie

    Varian MACKEY FRY (15 octobre 1907 - 13 septembre 1967)

    Un Juste parmi les Nations, un héros de notre temps

    Wifredo LAM, André MASSON, André BRETON, Anna SEGHERS, la rencontre connue entre BRETON et CESAIRE... autant de connexions salvatrices, autant d'occasions d'échanges et de partages entre les imaginaires et les sensibilités de ce "Tout monde", rendues possibles par un seul homme : Varian FRY.

    Varian FRY, un "risque-tout" selon sa propre expression et qui a précisément tout risqué pour répondre aux exigences de l'humanité. Varian FRY, c'est un séjour de treize mois à Marseille : treize mois au cours desquels l'homme de l'ombre va travailler, de toutes ses forces, à la sauvegarde de plus grand nombre de vie humaines, refusant toutes compromissions. Il le paiera chèrement !

    Une action symbolique de l'action entreprise par Varian FRY : le Phalanstère d'Air-Bel. Cette communauté hétéroclite d'artistes, cette association des intelligences et des idéaux, ces hommes et ces femmes avant la route de l'exil nécessaire à la survie.

    Tel est l'homme que nous vous invitons à découvrir dans le recueil ci-dessous : une balise lumineuse dans les ténèbres de la négation de la personne humaine, une balise dont le signal lumineux pourrait, lui aussi, inspirer les engagements et les combats actuels pour la Liberté.

     

    Varian mackey fryvarian-mackey-fry.pdf (3.55 Mo)

    Varian fry et la villa air bel

  • Gerty Archimède, une militante féministe guadeloupéenne exceptionnelle

    Gerty Marie Bernadette ARCHIMEDE (26 avril 1909 - 15 août 1980)

    Parcours exceptionnel que celui de Gerty Archimède, première femme noire inscrite au barreau de Guadeloupe, Députée et Maire de Basse-Terre. Ce qui séduit d'emblée chez cette militante,  c'est le combat entrepris, très tôt, en faveur des femmes. Un combat qui est à la source même de sa vocation d'avocate. 

    Féminisme, engagement : un couple indissociable aux yeux de Gerty, l'un alimentant l'autre en permanence. Féminisme, humanisme : deux mots qui la caractérisent, soucieux du bien-être de toutes et tous, soucieuse d'une justice équitable. Féminisme, humanisme et courage : trois mots qui illustrent une philosophie de vie et qu'un autre mot pourrait résumer LIBERTE. 

    Sa rencontre avec Angela DAVIS, militante communiste elle aussi, érégie des Blacks Panthers, constitue l'un des exemples les plus significatifs de cet idéal incarné par Gerty Archimède.

    Nous vous proposons de découvrir le parcours de vie exceptionnel de cette femme guadeloupéenne à travers le recueil de textes ci-dessous :

    Gerty marie bernadette archimedegerty-marie-bernadette-archimede.pdf (3.32 Mo)

  • Olympe de Gouges, une femme engagée

    Marie GOUZE veuve AUBRY, dite Marie-Olympe de GOUGES (1748-1793)

    Qui est Olympe de Gouges ? une femme engagée dans de multiples causes comme les droits des femmes, la construction de maternités, de structures d'accueil pour les plus démuni-e-s, l'abolition de l'esclavage. Vastes et multiples combats qui n'étaient motivés chez cette femme que par le principe d'équité, d'humanité et de justice. Ce qui est, en effet, particulièrement notable chez Olympe de Gouges c'est cette détestation  de la violence, sous toutes ses formes : le sang versé, l'hystérie collective conduisant aux pires excès. C'est précisément cette détestation, corrélée à cette volonté de la consigner à travers de nombreux écrits, qui la conduira à sa perte le 3 novembre 1793. Tragique fin que celle de cette femme ayant placé sa foi dans "les Lumières" alors que c'est l'obscurantisme qui l'a emporté.

    Avant-gardiste et révolutionnaire à sa manière, telle fut Olympe de Gouges dont les prises de position, trois siècles après, gardent toute leur pertinence. 

    Nous vous invitons, par la lecture du recueil de 25 pages ci-dessous, à partir à la rencontre de cette femme du 18ème siècle pouvant, à bien des égards, être considérée comme une contemporaine. Bonne lecture et bonne découverte ou redécouverte.

    Marie gouze veuve aubry dite olympe de gougesmarie-gouze-veuve-aubry-dite-olympe-de-gouges.pdf (3.17 Mo)

     

     

  • Le Lazaret, camp de concentration ou de migrants à la Martinique

    LE LAZARET : "camp de concentration" ou de migrants à la Martinique

    Tandis qu'environ 5 000 Martiniquais et Guadeloupéens embarquaient pour les Antilles britannique voisines afin de rejoindre la cause du Général de Gaulle, un nombre comparable de réfugiés débarquait en rade de Fort-de-France, échappant ainsi aux griffes d'Hitler, de Mussolini et de Franco. (...)

    Le lazaret camp de concentration ou de migrants a la martiniquele-lazaret-camp-de-concentration-ou-de-migrants-a-la-martinique.pdf (1.84 Mo)

    Légende de la photo : Photo de Germaine Krull, photographe allemande montrant certains internés du Lazaret

  • Cyrille BISSETTE, une figure martiniquaise dans la lutte abolitionniste

    Cyrille Auguste Charles BISSETTE (1795 - 1858)

    Anti-esclavagiste dès 1825 en Martinique - Député de la Martinique en 1Il I848 et de 1849 à 1851

    Le document que nous vous proposons ci-dessous vise à retracer le parcours social et politique de Cyrille BISSETTE qui, en dépit d'une prise de position initiale pour le moins discutable, s'est engagé, plus tôt que Schoelcher dans la lutte pour l'abolition de l'esclavage. Vous y trouverez également des passages consacrés à l'action de Schoelcher en faveur de la même cause. La rivalité entre les deux hommes politiques est également soulignée. Une rivalité allant même jusqu'à l'affrontement physique entre leurs partisans respectifs. L'épisode guadeloupéen à cet égard est particulièrement significatif. 

    Cyrille auguste charles bissettecyrille-auguste-charles-bissette.pdf (3.53 Mo)

    1848 schoelcher bissette

  • Severiano de HEREDIA (1836-1901)

    SEVERIANO DE HEREDIA

    Nous vous proposons, à travers cette lecture, de découvrir Severiano de Heredia (8 novembre 1836-9 février 1901). L'homme a été Président du conseil municipal de Paris de 1879 à 1880, Député de 1881 à 1889 et Ministre des Travaux publics en 1887. Elu radical, ardent défenseur de la laïcité et de l'école publique, il est aussi à l'origine de la création du réseau des bibliothèques municipales. Très attaché au développement technique professionnel, il fut le Directeur de l'association philotechnique qui dispensait, en 1881, des cours du soir gratuits dont bénéfciaient plus de 12 000 adultes. Un poste occupé avant lui par.. Victor Hugo et où il précéda Jules Ferry.

    Nous vous proposons dans ce document plusieurs extraits de textes de Paul Estrade : extrait du discours lors de l'inauguration de la rue Severiano de Heredia à Paris 12ème en 2015, Ce mulâtre cubain que Paris fit "maire" et la République "ministre" (2011)

    Severiano de heredia 8 novembre1836 9 fevrier1901severiano-de-heredia-8-novembre1836-9-fevrier1901.pdf (1.71 Mo)

     

  • Jean-Baptiste BELLEY

    Jean-Baptiste BELLEY : UN HOMME QU'IL NOUS FAUT CONNAITRE

    (1er Juillet 1746 ou 1747 ? - 6 août 1805)

    Le mini-recueil de textes présenté ci-dessous et élaboré par le Comité Ti-Jo Mauvois vous permettra sans doute d'en savoir plus sur ce personnage

    Jean baptiste belley dit timbaze dit marsjean-baptiste-belley-dit-timbaze-dit-mars-.pdf (2.66 Mo)