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Un témoignage de la débrouillardise et de la vie quotidienne An tan Wobè

PRIX SPECIAL DU COMITE TI-JO MAUVOIS

Attribué à Victoire AGBASSE

(pour son témoignage en réponse à la question 10)

« En quoi la période antan Wobè a-t-elle marqué profondément la Martinique ? Justifiez votre réponse en une dizaine de lignes »

Cette période, même de nos jours, a profondément marqué la Martinique car ce fut une période dure, misérable, triste. Les Martiniquais, un peuple qui a la foi, n’ont pas compris que quelque chose de grave pourrait leur arriver. J’ai connu quelques relents de « Antan Wobè » (feuilles de savonnette que ma mère m’envoyait chercher au bord de la rivière pour laver le linge car ces feuilles moussaient). Je ne comprenais pas pourquoi nous allions pieds-nus à l’école. Ma mère était couturière, se débrouillait pour nous coudre des sacs d’école avec des tissus, avec les sacs de farine venus de France. Pour compter il fallait aller autour de l’Habitation récupérer les capsules de sodas, à côté des débits de la régie. Les vieilles personnes nous répètent « la vi-a té rèd », d’autres ne veulent même pas en parler.

Mais je pense qu’il y avait de la solidarité, du troc, du bokantaj, de la fierté même. Les gens ont repris la langue Kréol, une certaine complicité s’est installée dans chacun des membres de la famille, du voisinage, de la société aussi. Les Martiniquais ne veulent plus revivre ce temps même si actuellement avec les conflits armés, la crise sanitaire (Covid), les atteintes sur le climat, l’écologie (chlordécone, pesticides), les attentats, la peur, ce sont des « évènements » qui nous disent que nous ne sommes à l’abri de rien. Nous devrions dialoguer, aider, secourir, aimer, s’ouvrir, transmettre le bien à nos petits-enfants, nos enfants, l’étranger, car l’Histoire à l’air de se répéter. Il fallait survivre Antan Wobè, les libertés bafouées, le respect non honoré, la misère, le racisme, la méchanceté face à un tyran qu’était l’amiral Robert : humanisme bafoué. C’était vraiment la guerre avec comme armes : la privation de libertés, de reconnaissance, de discriminations. Le Martiniquais n’a pas oublié.

« Kolé têt, kolé zépol » « débrouya papéché » les Martiniquais ont mis ces dictons en pratique.

 

 

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